So Foot est le magazine bobo au croisement entre l’idéologie gauchiste et le football, il penche d’ailleurs plus vers la gauche que vers le foot. Pourquoi pas ? Un créneau en vaut un autre. Les articles de So Foot, navire amiral d’un groupe de presse dirigé par l’ado à casquette Franck Annese, vantent donc le progressisme et appliquent ce schéma au monde du football, qui n’est pas forcément réceptif.
On se souvient du soutien du canard à la campagne anti-homophobe de l’ex-footballeur Dhorasoo, aux louanges tressées à Romario et Maradona pour leur engagement de gauche, à la dénonciation du racisme par Lilian Thuram, pourtant un racialiste de compétition. Mais aujourd’hui, le grand combat, c’est de sortir le foot féminin de son ornière.
La Coupe du monde féminine organisée en France a fait un peu plouf, on devait avoir des matches de nanas à la télé et le Covid est passé par là, mais on sent que même sans le virus mondialiste ça n’aurait pas pris. Il est déjà difficile de vendre du foot masculin aujourd’hui, avec l’extrême concurrence des chaînes, des offres et des canaux (sans compter le piratage sur le Net et les chaînes d’archives), alors le foot féminin, qui en plus n’est pas encore techniquement et tactiquement au point...
Mettons qu’on soit samedi : BeIn Sports, la chaîne qatarie, diffuse des matches des championnats de Ligue 2 française, de Bundesliga allemande, du Calcio ou Serie A italienne... En face, dans la maison Drahi (RMC Sports), on tape dans le haut de gamme avec la Premier League, les matches terribles du championnat anglais, avec le Big Five, c’est-à-dire le mini-championnat dans le championnat (un État dans l’État) entre Manchester United (GB), Manchester City (Qatar), Chelsea (Russie), Liverpool (USA), Arsenal (GB), en perte de vitesse, et Tottenham (Lewis & Levy) qui a le vent en poupe.
Comment alors vendre un match de championnat féminin à une télévision quand déjà la Ligue 1 française coule ? Le grand sponsor espagnol Mediapro s’est fait la malle, sans régler la note, et le Canal+ de Bolloré veut rafler le championnat français pour une bouchée de pain. Les matches féminins, on vous le dit sans animosité ni sexisme, c’est pas pour demain à la télé. À Lyon, qui a la meilleure équipe d’Europe ou presque (en féminines), le stade n’est jamais rempli ni en championnat ni en coupe d’Europe, et il faut baisser le prix des places à cinq euros en tribune d’honneur pour rameuter les foules (de scolaires).
Au milieu de cette ambiance morne pour le football masculin mondial, le foot féminin a disparu des radars, et la compétition mondiale en juin 2019 en France n’a pas vraiment lancé la passion. Les matches, à quelques exceptions près, étaient soporifiques. C’est justement à cette occasion qu’Alain Soral, flanqué de Pierre de Brague, ont envoyé une vidéo de commentaires en direct qui a fait fureur sur les réseaux sociaux. Les deux larrons ironisaient devant les cagades des gonzesses :
Quand la bien-pensance se crashe sur le réel
L’actu a rattrapé les deux compères puisque So Foot, tout à son progressisme néolibéral qui lui enjoint de vendre le foot féminin, a dû chroniquer, la mort dans l’âme, la défaite humiliante du onze national brésilien féminin devant une bande de U16 (des mecs de 16 ans) de Grêmio. Le score est terrible, presque sexiste : six à zéro ! Il n’en fallait pas plus pour expulser la colère du journal vers les vrais responsables de cette déroute : les misogynes du foot !
Et ça n’a pas manqué : dès la publication du compte-rendu de la rencontre par Globo Esporte, le résultat a été monté en épingle par des petits malins bien trop contents de pouvoir se payer la tronche de Marta et ses comparses, « humiliées » par des gamins même pas encore arrivés au stade de la post-formation. Comble du mauvais goût, un compte Twitter francophone spécialisé dans le partage d’informations putaclic s’est fendu d’un gazouillis accompagné d’une vidéo (entre-temps supprimée, bravo quel courage !) dans laquelle le polémiste Alain Soral, avachi dans son canapé, se marre comme une baleine devant des images du Mondial féminin 2019, le tout à grand renfort d’injures misogynes. Classe.
Suit une démonstration interminable des conditions dans lesquelles la Seleçao a été humiliée, mais le foot est le foot. La meilleure équipe de foot féminin du monde, celle des États-Unis, s’était pris un 5-2 contre des U15 de Dallas. Cela situe à la fois le niveau du foot féminin, et le chemin qu’il lui reste à parcourir vers l’égalité. S’il y arrive un jour.
Ce sont évidemment les progressistes (hommes) et les féministes (femmes) qui font l’erreur de vouloir l’égalité dans ce domaine. Même aux échecs, ils ne s’y risquent pas ! Mais c’est sûrement parce qu’« on » (le patriacat) empêche les filles de jouer dès leur plus jeune âge, n’est-ce pas ?
Bonus : Julien Cazarre prend des risques avec la socioculture